Méditation

Le silence

I y a deux sortes de silence. Le silence, absence de bruit et le silence de notre nature fondamentale que nous sommes.

Faire voeu de silence, s’accorder des temps de silence, se mettre dans un espace extérieur de silence, faire taire le bruit incessant de notre esprit peuvent être éventuellement de bonnes pratiques pour nous recentrer sur nous-même.

Mais ce n’est pas cela le silence de notre nature fondamentale de notre être. Pour comprendre ce silence-là imaginez notre nature fondamentale comme l’espace entier de votre salon. Dans cet espace il va y avoir du mouvement et des bruits : bruits de votre voix, de ceux qui vous accompagnent ou de la télévision, etc. Dans cet espace il y a également les différentes pensées et émotions qui vous traversent.

Alors une question : l’espace de votre salon est-il vraiment affecté par tout ce qui se passe à l’intérieur ? Non ! Vous pouvez vous bagarrer avec votre conjoint et cet espace reste ce qu’il est. C’est cela ce silence fondamental qui nous habite. Il est avant, pendant et après que tous les bruits se soient manifestés et aient disparu dans cet espace. Les pensées apparaissent dans cet espace. Que nous fassions laborieusement taire notre esprit ou non, ce silence demeure.

L’exercice de la méditation est de prendre conscience de cet espace de silence et d’en éprouver la puissance. Alors si votre méditation ou si votre promenade dans la forêt vous accorde un répit dans ce bruit incessant et bien, tant mieux ! En effet, c’est plus agréable d’avoir un esprit et un coeur tranquilles ! Mais ne confondons pas ces deux différents silences !

Le but de l’exercice de la méditation n’est pas d’arrêter de penser mais de se laisser progressivement gagner par ce silence sous-jacent qui est toujours là et qui sous-tend toute modification de notre conscience. A la fin, tout en parlant ou ou en pensant vous sentirez en même temps la profondeur de ce silence qui est ce que vous êtes.

La méditation, est-ce si utile ?

Il faut différencier l’état de méditation et les exercices de méditation. Que ce soit un exercice de méditation axé sur le témoin ou l’observateur de ce qui se passe en nous ou une focalisation sur un objet de méditation comme la répétiton d’un mantra, si nous sommes honnêtes, nous pouvons observer que dans notre pratique de la méditation l’i dentification aux états changeants intérieurs (pensées, émotions, sensations du corps) est fréquente et le temps de présence plus rare. C’est tout à fait normal et avec la pratique le temps de présence augmente et le temps d’identification diminue. Néanmoins, ce temps de présence (état de méditation) suffit à nous apporter des bienfaits durant la journée comme plus de calme et de détente et une présence accrue.

Nous pourrions donc dire que la méditation est très utile. Mais peut-être pas plus que du sport, du yoga, des arts martiaux ou une promenade en forêt ; et je ne parle même pas des drogues qui peuvent avoir des effets positifs nettement plus spectaculaires, mais il est vrai avec des effets secondaires très négatifs.

En revanche, si vous méditez pour atteindre le bonheur ou la sagesse, alors il y a de quoi se poser des questions. En effet, comment imaginer qu’une heure de méditation par jour avec plus ou moins de présence suffira pour nous conduire à l’illumination ? 1 heure de présence relative et le reste de la journée avec environ 15 heures de veille on fait ce qu’on veut en étant pratiquement endormi, hormis la présence nécessaire pour fonctionner comme tous les autres et ne pas finir à l’asile psychiatrique !

Il nous faut être pragmatique et sérieux. Si nous souhaitons atteindre ce but du bonheur inconditionnel – et nous ne sommes pas obligés de le rechercher – il nous faudra trouver un moyen pour étendre cette présence à soi-même, non pas péniblement une heure mais durant les 16 heures de veille d’une journée. Comment faire cela ?

Je vois trois moyens à notre disposition :

  • Nous décidons de vivre une vie contemplative dans un monastère ou un ashram et pratiquons 8 à 10 heures de méditation par jour !
  • Nous restons dans le monde et décidons de nous lancer dans la pratique de la répétition d’un mantra ou du nom de Dieu tout le temps. Il faudra le faire avec passion et enthousiasme ; progressivement cette focalisation continuelle nous amenera à expérimenter de plus en plus cette joie naturelle qui constitue notre nature profonde.
  • Nous restons dans le monde et nous nous appuierons sur tout ce qui se passe, à l’intérieur de nous et à l’extérieur afin d’exercer la présence. Nous développerons un geste intérieur d’accueil ou de bienveillance envers toutes les émotions négatives qui nous traversent et également à toute la manifestation extérieure (êtres humains, choses, nature, etc…). Acquérir ce geste intérieur d’accueil est une science spirituelle bien particulière qu’il faudra apprendre à connaître. Lire 2 ou 3 livres sur l’instant présent ou quelques stages de méditation ne suffira pas !

En résumé, un heure de méditation par jour peut vous apporter des bienfaits, sans conteste. Mais pour atteindre cet état de sérénité totale il faudra que votre présence illumine chaque seconde de votre jourmée de veille.

Bon, je suis un peu dur, mais ne nous voilons pas la face ; au risque de se retrouver, après des années de méditation amer et déçu car les promesses du début ne se sont pas réalisées !

La méditation – 2 –

La méditation ne peut pas être une pratique, elle est un état d’être (1). Elle est le fondement de notre être . Être, c’est méditer !

Pratiquer la méditation, faire de la méditation sont des expressions inadéquates. Néanmoins, dans le langage courant, il est difficile de les éviter. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de nous exercer à la méditation !

En Islande il y a des geysers d’eau chaude ; ceux-ci proviennent de sources chaudes de la profondeur terrestre. De même cet être, que nous sommes, est comme un océan de joie, de liberté et de légéreté, juste en de-çà de la surface consciente. Lorsque l’un de nos désirs est réalisé ou lors de situation spéciales un geyser de joie ou d’amour jaillit hors de notre profondeur et nous sommes à la fête !

geyser under blue sky

La pratique de la méditation est comme un tunnel que nous construisons vers cet océan de joie. Et lorsque ce tunnel est définitivement construit, alors l’océan nous remplit totalement.

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise méditation. Celle qui est parfaite est celle que nous faisons. Parfois, lors de l’une ou l’autre méditation, un torrent de joie et de calme peut nous envahir et parfois rien du tout, si ce n’est de la sécheresse. Cela n’a aucune importance ! Ce qui compte, c’est de creuser !

(1) Même ce terme d’état d’être n’est pas vraiment acceptable. Un état peut changer : vous êtes heureuse un moment et ensuite malheureuse ! En revanche, l’Être, que nous sommes, ne change jamais du début à la fin de notre vie ; même si les qualificatifs de l’être peuvent changer : je suis gros, je suis jeune, je suis vieux, etc…

La méditation – 1 –

Imaginez :

vous cuisez du riz dans une casserole et vous vous rendez compte qu’il est quasiment cuit. Vous avez deux solutions : soit vous diminuez quelque peu le feu, soit vous coupez le feu et enlevez la casserole !

Il en est de même avec la méditation. Vous pouvez tenter de l’utiliser afin de baisser l’agitation mentale et émotionnelle et de diminuer ainsi la pression intérieure ; cela pourrait aider, mais cela n’empêchera jamais qu’en situation plus spéciale ou en période de crise la casserole déborde.

Pourquoi ? Parce que vous n’avez pas touché à la cause première de cette agitation.

Si l’on n’arrache pas les racines des « mauvaises herbes » elles repoussent ! De même, la méditation utilisée sérieusement sert à déraciner le fondement de cette agitation.

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